Petite présentation du réseau Anarchist Black Cross (ABC) :
Il s’agit d’un réseau anarchiste international de soutien aux prisonnieres. Nous joignons ici un texte de l’Anarchist Bure Cross [1] qui le présente en langue française et nous vous mettons aussi un lien [2] vers le site ABC de la région Rhineland en Allemagne qui fait beaucoup pour les personnes incarcérées, notamment celles qui le sont suite à l’occupation de la forêt d’Hambach.
L’Anarchist Black Cross (ABC) est un réseau libertaire de soutien aux prisonnier-es qui a émergé au début du 20ème siècle avec un soutien aux nombreux-ses incarcéré-es anarchistes en Russie. Depuis l’ABC a essaimé, est devenu un réseau de groupes partageant quelques principes fondamentaux et s’est étendu à l’ensemble des prisonnier-es.
L’ABC milite pour l’abolition de toutes les prisons et s’oppose à tous les dispositifs sociaux de contrôle coercitifs et punitifs. Cette action se manifeste avant tout par la solidarité avec les prisonnier-es, briser l’isolement de la taule en créant un lien, par le biais des écrits ou des parloirs, mobiliser par des actions, évènements et textes autour des situations individuelles ou collectives dans les prisons et produire des réflexions de fond, susciter des débats et échanges autour de la question carcérale et des enfermements.
Un Anarchist Bure Cross ?
Alors que les suites judiciaires aux actions de mobilisation à Bure se profilent à l’horizon, que le mouvement social contre la loi travail a été suivi de très nombreux procès aboutissant à l’incarcération d’une trentaine de personnes en France, que la politique d’immigration et le climat sécuritaire se durcissent de jour en jour dans les politiques menées par les gouvernements français et européens successifs, il est essentiel d’organiser la solidarité face à une répression policière et judiciaire.
Avec les peines de plus en plus lourdes, éminément politiques et répressives, qui touchent les pauvres, les étranger-es, les musulman-es, les terrains de luttes, les prisons ne sont pas près de désemplir et on entend déjà parler de nouvelles en construction. Il ne tient qu’à la vindicte d’un-e procureur-e, un-e juge, une parole de policier-e contre la sienne pour se retrouver derrière les barreaux quelques semaines, mois ou années. À travers les comparutions immédiates, la justice expéditive s’est normalisée et généralisée, et certains politiciens, sous couvert de dispositifs anti-terroristes aimeraient revenir à des tribunaux spéciaux, alors que l’état d’urgence a déjà amplement démontré le caractère liberticide des dispositifs d’exception. Des dizaines de personnes se retrouvent ainsi chaque jour envoyées derrière les barreaux ou assignées chez elles.
Les conditions déplorables d’enfermement dans les prisons, la multiplication des dispositifs internes d’isolement pour des motifs de radicalité et les aménagements de peine qui contraignent à une soumission sans faille au règlement, sont autant de facteurs qui constituent la punition et contribuent à isoler. Une des forces coercitives de la répression est de s’appuyer sur l’isolement. Qu’on soit assigné chez soi ou entre quatre murs, par des dispositifs de dissuasion ou de contrainte, l’isolement social brise l’esprit, éreinte les corps.
Lutter contre l’enfermement, c’est avant tout briser cet isolement, traverser les murs et bâtir patiemment un pont ténu entre les prisonnier-es et nous, faire le lien entre elleux et celleux qui nous entourent.
A travers l’Anarchist Bure Cross, nous voulons partager nos quotidiens, nos lectures, nos écrits avec les prisonnier-es et nous faire l’écho des pensées et sentiments de ceux et celles qui sont derrière les barreaux. Nous voulons aussi lutter d’en-dehors contre ce qui les comprime et les opprime en-dedans, parce que la lutte en taule contre la taule se paye chèrement, allonge parfois les peines du simple au double et que nous sommes libres de nos mouvements et de nos mots bien plus qu’ils et elles ne le sont.
L’Anarchist Bure Cross découle d’une volonté de lier la lutte à ses conséquences répressives, de ne pas détacher non plus le terrain de lutte du reste de l’espace social, de ne pas dissocier détention et rétention des étranger-es et de considérer que la lutte antinucléaire est avant tout une lutte anticapitaliste et que les prisonnier-es du système actuel sont celleux d’un système capitaliste, au service duquel oeuvrent police et justice.
Qu’on soit dans une ville de plusieurs centaines de milliers d’habitant-es avec ses taules, ses centres de rétention, ses maisons d’arrêt et ses milliers de prisonnier-es, ou dans un village de 96 habitant-es à moins de 100 kilomètres d’une dizaine de maisons d’arrêts et centrales, les prisonnier-es et le système qui les emprisonne sont les mêmes.
A Bure comme ailleurs, nous voulons être le relais d’une solidarité aux prisonnier-es et avons décidé de créer pour cette raison l’Anarchist Bure Cross.
L’Anarchist Bure Cross
[1] https://anarchistburecross.noblogs.org/post/2017/01/03/creation-de-lanarchist-bure-cross/