« Les stratégies « anti-rép. » sont multiples et il n’y a sans doute pas de recette magique. Celle qui suit ne déroge pas à cette règle, mais nous a semblé singulière, en ce qu’elle attaque de l’extérieur les zones de tension, les zones sombres à l’intérieur de la prison, sans pour autant sacrifier à la ritournelle de l’innocence des inculpés. Recherche d’une prise politique sur la machine kafkaïenne, tentative d’inversion de la logique carcérale. Si la taule sert à faire peur à ceux et celles qui restent dehors, il faut effrayer, harceler ceux qui travaillent à l’intérieur. […]
« On est parties du principe que, en fait, ils faisaient des prises d’otage pour faire flipper les gens de dehors, que l’acte en lui-même, l’état n’en avait rien à branler. Donc nous on s’est dites : on va faire la même chose dans un système où c’est jamais la faute à personne vu que chacun est sous les ordres d’un autre. On va pointer les responsabilités. […]
« Il y en a pas mal dans l’histoire qui ont perdu leur taf, sont partis en dépression ou en retraite anticipée : un secrétaire d’État, un directeur de prison, des travailleurs sociaux, un psychiatre… Pas seulement sur l’histoire de l’hépatite C, que l’on a ressortie à ce moment-là, mais aussi sur d’autres histoires : par exemple un directeur de prison qui prenait gratuitement pour faire son jardin des prisonniers en liberté conditionnelle. On avait plein d’informations qui venaient des prisonniers. Hermann était partie prenante de la solidarité, la stratégie, on la faisait avec lui. Ce n’est pas parce que tu es condamné que l’on t’oublie dans une cellule, et tu peux être actif politiquement. On l’avait abonné à tous les journaux possibles ou imaginables. Il les lisait et il nous appelait : « tiens, regarde, il y a une conférence sur des prisons plus humaines… » Alors nous on intervenait, avec banderoles et tout, on leur disait que c’était des gros connards, les journalistes prenaient des photos… On faisait chier comme ça, on faisait jamais baisser la pression, c’était nous qui donnions le rythme. […] »
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