Stratégies anti rép’ à berlin

Repris de Timult, n°6, septembre 2012 (< Nous autres – revue – troisième fournée – printemps 2012 — introuvable sur la toile, si d’autres veulent compléter, n’hésitez pas)

« Les stratégies « anti-rép. » sont multiples et il n’y a sans doute pas de recette magique. Celle qui suit ne déroge pas à cette règle, mais nous a semblé singulière, en ce qu’elle attaque de l’extérieur les zones de tension, les zones sombres à l’intérieur de la prison, sans pour autant sacrifier à la ritournelle de l’innocence  des  inculpés.  Recherche  d’une  prise politique sur la machine kafkaïenne, tentative d’inversion de la logique carcérale. Si la taule sert à faire peur à ceux et celles qui restent dehors, il faut effrayer, harceler ceux qui travaillent à l’intérieur. […]

«  On  est  parties  du  principe  que,  en  fait,  ils  faisaient des prises d’otage pour faire flipper les  gens  de  dehors,  que  l’acte  en  lui-même, l’état n’en avait rien à branler. Donc nous on s’est dites : on va faire la même chose dans un système où c’est jamais la faute à personne vu que chacun est sous les ordres d’un autre. On va pointer les responsabilités. […]

« Il  y  en  a  pas  mal  dans  l’histoire  qui  ont  perdu  leur  taf,  sont  partis en  dépression  ou  en retraite anticipée : un secrétaire d’État, un directeur  de  prison, des  travailleurs  sociaux, un psychiatre… Pas seulement sur l’histoire de  l’hépatite  C,  que  l’on  a  ressortie  à  ce  moment-là, mais aussi sur d’autres histoires : par  exemple  un  directeur  de  prison  qui  prenait  gratuitement  pour  faire  son  jardin  des  prisonniers  en  liberté  conditionnelle.  On avait  plein  d’informations  qui  venaient  des prisonniers.  Hermann  était  partie  prenante de la solidarité, la stratégie, on la faisait avec lui.  Ce  n’est  pas  parce  que  tu  es  condamné que l’on t’oublie dans une cellule, et tu peux être actif politiquement. On l’avait abonné à tous les journaux possibles ou imaginables. Il les lisait et il nous appelait : « tiens, regarde, il  y  a  une conférence  sur  des  prisons  plus humaines… » Alors nous on intervenait, avec banderoles  et  tout,  on  leur  disait  que  c’était des  gros  connards,  les  journalistes  prenaient des photos… On faisait chier comme ça, on faisait jamais baisser la pression, c’était nous qui donnions le rythme. […] »

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